La silver economy
Le moment est venu : les baby-boomers des années 1945-1965 ont atteint l’âge mûr et se sont mués en “papy-boomers”. Ce phénomène se produit dans un contexte démographique compliqué puisque parallèlement à l’allongement de la durée de vie, la natalité baisse.
La ruée vers “l’or gris” a déjà commencé. Une économie nouvelle est née, l’économie des seniors, dite “Silver économie” qui impacte tous les secteurs : loisirs, transport, alimentation, sécurité, santé, habitat collectif, assurance, assistance téléphonie, internet, sport… Elle concerne les seniors dont la priorité est aujourd’hui de “vivre le plus longtemps possible, en bonne santé” mais aussi, et cela est nouveau, de “vivre de nouvelles expériences”. Les plus de 60 ans sont-ils en passe de devenir les nouveaux chouchous des enseignes ? Quelles sont les attentes de ces consommateurs ? Comment s’adresser à eux ?
Des opportunités dans le monde de la bancassurance ?
Les ménages âgés affichent un taux d’épargne très élevé. Les réflexes d’accumulation, l’accès au crédit ou les préférences affichées pour des produits d’épargne hyper-liquides sont à l’origine d’une allocation sousoptimale des ressources sur des placements qui pourraient financer l’économie productive. Il s’agit d’un véritable enjeu pour le gouvernement qui souhaite encourager la création de produits financiers type Livrets Argentés, assurances dépendance…
Le crédit consommation senior est principalement destiné à l’accès aux loisirs, à l’aménagement de l’habitation et à l’équipement en ordinateur. La génération des baby-boomers pourrait contribuer à la croissance du crédit conso. Plus habituée à y avoir recours, cette génération verra ses revenus diminuer au passage à la retraite mais devra sûrement soutenir financièrement ses parents ainsi que ses enfants et petitsenfants. Familiers de ce type de crédit, ils pourraient être amenés à y avoir recours pour faire face à ces dépenses.
L’assurance dépendance
La France compte 1,2 million de personnes dépendantes. La prise en charge de la dépendance repose aujourd’hui principalement sur la solidarité familiale. Le fait que les nouveaux retraités aient eu à gérer le grand âge de leurs parents devrait les inciter à recourir plus spontanément à l’assurance dépendance. Cependant, les contrats dépendance peinent à attirer la clientèle, ils sont chers et ne bénéficient pas d’une perception positive. Du côté de l’assureur, ils sont difficiles à tarifer. Face à ce constat, des produits ont été créés pour anticiper et atténuer les effets liés à la vieillesse comme par exemple des contrats d’assurance-vie donnant un droit d’accès prioritaire dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées (Ephad).
Les fonds Silver
Ces produits surfent sur la vague du vieillissement de la population et ne se limitent pas à des fonds santé mais adressent d’autres domaines qui profitent du vieillissement de la population (valeurs pharmaceutiques, loisirs, épargne, sécurité, automobile, dépendance...). En 2015, la CAPSSA (Caisse de Prévoyance des agents de la Sécurité Sociale et Assimilés) a ainsi lancé la Sicav Silver Autonomie qui consiste à investir dans des valeurs qui permettent aux seniors de renforcer leur autonomie et leur maintien à domicile (adaptation du domicile, prévention et diagnostic médical, prothèses ou bien-être).
Investissement sur des logements seniors et le viager
Les banques ont également un rôle à jouer en investissant par exemple dans des résidences seniors (comme c’est le cas pour le CMNE avec l’offre à Capinghem), alternative pour nos nouveaux retraités dont la priorité est de rester indépendants tout en ayant accès à une large gamme de services. Autre opportunité, le viager dont le rendement est croissant avec l’âge du vendeur mais qui peine néanmoins à prendre de l’ampleur puisqu’il repose sur un “pari sur la mort”, contrat moral qui freine son essor. Néanmoins, l’arrivée à la retraite des baby-boomers peut représenter une opportunité de regain de dynamisme.
Des opportunités à saisir donc sur un marché où les possibilités sont immenses !
- En 2015, en France, le nombre de seniors (les plus de 60 ans selon critère de l’INSEE) a dépassé le nombre de juniors (moins de 25 ans).
- En 2030, nous aurons 20 millions de retraités.
- En 2050, 1 personne sur 3 aura 60 ans ou plus.

On distingue :
- Le “marché du grand âge” qui concerne les innovations et services liés à la santé et aux produits médicalisés. Ce marché pèse 57 Md€ de chiffre d’affaires par an.
- Le “marché des seniors”, qui concerne les plus de 60 ans, les baby-boomers qui renvoient une image de retraités à fort pouvoir d’achat. Ce marché quant à lui pèse plus de 90 Md€ de chiffre d’affaires par an et représente un véritable enjeu en matière de développement économique.
Mais attention, l’écueil à éviter est de leur proposer des produits pour “personnes âgées”, le sexagénaire d’aujourd’hui se perçoit bien souvent de 15 à 20 ans plus jeune !